Deux écologues de l’UMR Mecadev, du département AVIV, Jean-François Ponge et Sandrine Salmon, ont contribué à une étude mondiale des communautés de collemboles du sol à travers le monde.*

  • Les collemboles (Collembola) ainsi que tous les autres organismes du sol participent au fonctionnement et à la biodiversité des écosystèmes terrestres. Ils comptent parmi les arthropodes du sol les plus abondants, régulant sa fertilité et les flux d’énergie entre les réseaux trophiques aériens et souterrains. Cependant, la distribution globale de la diversité et de la densité des collemboles, et comment celles-ci participent aux flux d’énergie, restaient jusqu’alors totalement inconnus.
  • Cent-un spécialistes ont rassemblé leurs données dans une base de données mondiale représentant 2470 sites, ce qui a permis d’estimer la biomasse totale des collemboles du sol à 27,5 mégatonnes de carbone, ce qui est trois fois plus élevé que celle des vertébrés sauvages terrestres.
  • Des densités de pointe allant jusqu’à 2 millions d’individus par mètre carré ont été enregistrées dans la toundra. Cette étude montre également qu’en dépit d’une biomasse 20 fois plus élevée dans la toundra que dans les milieux tropicaux, l’utilisation d’énergie par les collemboles (métabolisme communautaire) reste la même le long du gradient latitudinal, et ce, en raison de l’évolution de la température avec la latitude.
  • Ni la densité des collemboles, ni le métabolisme communautaire ne sont prédits par la richesse spécifique locale, qui est élevée sous les tropiques, mais tout aussi élevée dans certaines forêts tempérées et même dans la toundra.
  • Les modifications de l’activité des collemboles peuvent s’expliquer par les gradients latitudinaux de température, et la limitation des ressources (végétation) au sein des communautés du sol.
  • Les relations contrastées de la température avec la biomasse, la diversité et l’activité des communautés de collemboles suggèrent que le réchauffement climatique modifiera les paramètres fondamentaux de la biodiversité du sol dans différentes directions, restructurant potentiellement les réseaux trophiques terrestres et affectant le fonctionnement du sol.

Pour en savoir plus :

Potapov, A. M., C. A. Guerra, J. van den Hoogen, A. Babenko, B. C. Bellini, M. P. Berg, S. L. Chown, L. Deharveng, Ľ. Kováč, N. A. Kuznetsova, J.-F. Ponge, M. B. Potapov, D. J. Russell, D. Alexandre, J. M. Alatalo, J. I. Arbea, I. Bandyopadhyaya, V. Bernava, S. Bokhorst, T. Bolger, G. Castaño-Meneses, M. Chauvat, T.-W. Chen, M. Chomel, A. T. Classen, J. Cortet, P. Čuchta, A. Manuela de la Pedrosa, S. S. D. Ferreira, C. Fiera, J. Filser, O. Franken, S. Fujii, E. G. Koudji, M. Gao, B. Gendreau-Berthiaume, D. F. Gomez-Pamies, M. Greve, I. Tanya Handa, C. Heiniger, M. Holmstrup, P. Homet, M. Ivask, C. Janion-Scheepers, M. Jochum, S. Joimel, B. Claudia S. Jorge, E. Jucevica, O. Ferlian, L. C. Iuñes de Oliveira Filho, O. Klauberg-Filho, D. Baretta, E. J. Krab, A. Kuu, E. C. A. de Lima, D. Lin, Z. Lindo, A. Liu, J.-Z. Lu, M. J. Luciañez, M. T. Marx, M. A. McCary, M. A. Minor, T. Nakamori, I. Negri, R. Ochoa-Hueso, J. G. Palacios-Vargas, M. M. Pollierer, P. Querner, N. Raschmanová, M. I. Rashid, L. J. Raymond-Léonard, L. Rousseau, R. A. Saifutdinov, S. Salmon, E. J. Sayer, N. Scheunemann, C. Scholz, J. Seeber, Y. B. Shveenkova, S. K. Stebaeva, M. Sterzynska, X. Sun, W. I. Susanti, A. A. Taskaeva, M. P. Thakur, M. A. Tsiafouli, M. S. Turnbull, M. N. Twala, A. V. Uvarov, L. A. Venier, L. A. Widenfalk, B. R. Winck, D. Winkler, D. Wu, Z. Xie, R. Yin, D. Zeppelini, T. W. Crowther, N. Eisenhauer, and S. Scheu. 2023. Globally invariant metabolism but density-diversity mismatch in springtails. Nature Communications 14:674.

(* Texte préparé par Sandrine Salmon).