Lieu: Brunoy

Résumé: Au fur et à mesure que les activités de l’Homme modifient la biosphère (changements globaux), les êtres vivants doivent ajuster leurs besoins à cette évolution des ressources. A défaut, les performances de certains sont susceptibles de baisser, résultant dans des déclins locaux, voir des extinctions. L’enjeu de l’écologie intégrative des changements globaux est d’accroitre la robustesse de la compréhension des conséquences écologiques des changements globaux, afin de mieux informer la prévention ou la compensation de pertes de biodiversité. Cela implique d’intégrer la compréhension des réponses aux pressions environnementales à différents niveaux d’organisation du vivant: diversité et expression des gènes, ajustements phénotypiques, performances individuelles, composantes de  valeur adaptative, mécanismes démographiques, et interactions entre espèces. Les travaux que j’ai encadrés ont principalement porté sur le rôle de la flexibilité phénotypique (ajustement réversible des traits d’un individu) dans la résilience aux perturbations climatiques, et les conséquences démographiques de ces dernières. Mes modèles sont la flexibilité métabolique (usage de la torpeur) chez les petits mammifères, la flexibilité de la migration chez les oiseaux, et le fonctionnement des populations de passereaux communs. La présente synthèse met en exergue l’importance de considérer les conséquences trophiques des perturbations pour comprendre l’impact des changements globaux. L’usage facultatif de la torpeur permet de compenser les contraintes énergétiques par une réduction du métabolisme, alors que la migration permet de fuir ces contraintes. Chez le Microcèbe murin, nous avons montré que la flexibilité de l’usage de la torpeur est renforcée par acclimatation au déficit trophique et par l’autonomie énergétique (dominance, engraissement). Son expression est étroitement dépendante de la disponibilité en nourriture. Chez les passereaux communs, nous montrons que les années chaudes semblent favoriser la reproduction (productivité des populations), la croissance des individus (taille), et la survie des adultes. Mes recherches à venir s’attacheront à mieux comprendre les coûts et limites de la flexibilité phénotypique, réduisant sa valeur adaptative dans la réponse individuelle et populationnelle aux changements climatiques. Torpeur et migration sont deux adaptations à la saisonnalité reposant sur la flexibilité phénotypique. Je présente une synthèse de leurs convergences et divergences, y compris celles des communautés scientifiques les étudiant. L’ambition est de contribuer à l’émergence d’une compréhension intégrée de la régulation de la flexibilité phénotypique saisonnière et de son rôle dans la réponse des individus, des populations et des communautés aux perturbations environnementales.