Lieu: grand amphi d'Entomologie (site Jardin des Plantes).
Résumé:
Afin de
se maintenir au sein d'un environnement changeant, les individus doivent mettre
en place une réponse adéquate. Il est connu que les animaux ont la capacité
d'ajuster leur comportement à leur environnement. Cette plasticité
comportementale, permet une réponse adaptée et relativement rapide aux
variations de l'environnement, maximisant ainsi les chances de survie et de
transmission des gènes. Elle met en jeu des processus cérébraux couteux en
énergie rendant ces adaptations particulièrement sensibles à des changements
alimentaires. Le but de cette thèse a été de mieux comprendre les facteurs qui
contraignent ces réponses chez une espèce à laquelle s'applique une forte
pression de sélection. Pour ce faire, nous avons étudié les réponses
comportementales d'un primate malgache, le microcèbe gris (Microcebus
murinus) soumis à des changements dans la quantité ou la qualité des
ressources alimentaires disponibles. La première partie de ce travail s'est
intéressée aux effets à court terme d'une restriction alimentaire sans
malnutrition. Cette partie comprenait deux études. La première s'intéressant
aux effets d'une restriction alimentaire à 60% sans malnutrition sur la
plasticité comportementale innée via l’étude de l'horloge biologique. Les
résultats de cette étude montrent une diminution de la capacité à se
resynchroniser après un décalage horaire en lien avec la perte de poids. Ainsi,
les individus perdant le plus de poids sont le moins à même de se resynchroniser
sur les cycles lumineux après un décalage horaire de 6 heures. La seconde
s'intéressait aux effets d'une restriction alimentaire à 40% sans malnutrition
sur la plasticité comportementale acquise et montre diminution de la capacité
d'apprentissage des individus restreints après 19 jours de traitement
alimentaire sans influence sur la mémoire à long terme. La moindre capacité
d’apprentissage chez les individus en restriction calorique est corrélée à la
perte de poids, les individus perdant le plus de poids étant les moins
performants. Dans une seconde partie j’ai étudié l'effet de modifications
qualitatives de l'alimentation à travers une supplémentation à long terme des
individus en acides gras polyinsaturés n-3. Cette partie m’a permis de mettre
en évidence une amélioration des performances d'apprentissage chez les
individus supplémentés après 18 mois de traitement alimentaire accompagnée
d'une diminution de l'anxiété et d'une augmentation de la neurogenèse adulte
dans 3 zones cérébrales.
Ces travaux démontrent que les variations nutritionnelles, qu’elles soient
quantitatives ou qualitatives sont capables d’influencer massivement les
différentes formes de plasticités comportementales et donc les grandes
fonctions cérébrales et constituent ainsi un paramètre clé dans l’adaptation et
la survie des individus.
Mots clés : Acides gras plolyinsaturés n-3, Microcèbe gris (Microcebus
murinus), Plasticité comportementale acquise, Plasticité comportementale innée,
Restriction calorique